Noémie, 23 ans, a commencé ses études à l’EPFL en architecture avant de s’engager dans un nouveau bachelor à l’ArtCenter College of Design, une école artistique réputée aux États-Unis. Elle connaît donc bien les transitions, les décalages culturels et les défis mentaux que cela peut entraîner. Si aujourd’hui elle dit se sentir bien dans ses études, c’est le résultat d’un long chemin.
« J’aime ce que j’étudie maintenant et j’ai enfin un bon entourage, mais ça n’a pas toujours été le cas. » Derrière cette stabilité apparente se cache une période de grande détresse mentale, marquée par un isolement profond lorsqu’elle a commencé son second cursus. La barrière de la langue, les différences culturelles et la distance avec son pays d’origine ont contribué à créer une sensation de déconnexion difficile à surmonter.
C’est durant la pandémie, pourtant synonyme d’isolement pour beaucoup, qu’elle a réalisé à quel point le soutien social est vital. « J’ai eu la chance d’être bien entourée pendant le Covid et j’ai compris qu’on a besoin des autres pour fonctionner. » Ce soutien humain lui a permis de tenir face à l’absence de repères dans un nouvel environnement académique et culturel.
Consciente de ses difficultés, Noémie n’a pas hésité à demander de l’aide. Elle s’est tournée vers une structure de soutien de son université, qui l’a mise en relation avec un psychiatre. « Cela m’a beaucoup soulagée. J’ai pu avoir accès rapidement à un suivi adapté et ça a vraiment changé les choses. » Un geste simple, mais pas toujours évident, qui a représenté un vrai tournant dans sa trajectoire.
Pour garder un équilibre mental au quotidien, Noémie a identifié trois piliers essentiels :
- Faire des activités plaisantes qui ne demandent aucun effort mental
- Voir des amis proches avec qui elle peut être elle-même, sans pression sociale
- Pratiquer du sport, pour se défouler et libérer les tensions
Au-delà de ses expériences personnelles, Noémie porte un regard lucide et critique sur la réalité des étudiant.e.s aujourd’hui. « Il ne faut pas sous-estimer l’épuisement qu’on traverse. Au-delà des études, on hérite d’un monde saccagé, et une génération entière voit son avenir menacé. » Elle exprime une colère sourde face à l’indifférence perçue de certaines générations plus âgées et à la pression morale qui pèse sur les jeunes pour « tenir bon » malgré tout.
Parler de santé mentale est, pour elle, non seulement important, mais nécessaire. « Sinon, on serait tous dans notre coin à souffrir. Partager, ça soulage. Et surtout, ça montre qu’on n’est pas seul. »
Son message est simple, mais puissant :
« Il y a toujours une sortie au tunnel. Même quand tout semble s’effondrer, ça ne dure pas. Et surtout : ne vous isolez pas. »