Le poids invisible des attentes

Hanako a 24 ans, elle étudie à l’Université de Genève en deuxième année de master en Économie Politique du Capitalisme. Quand on lui demande comment elle vit ses années à l’université sur le plan mental, sa réponse est claire : « mentalement épuisée ». Entre les examens, les travaux à rendre, les cours exigeants et l’auto-pression permanente, ses études sont devenues un marathon sans ligne d’arrivée.

« Même quand je suis en vacances ou que je viens de rentrer chez moi après les cours, j’ai toujours quelque part une pensée pour les révisions. » Ce stress de fond est constant. Il s’intensifie autour des sessions d’examen, notamment pendant les rattrapages, où Hanako se sent particulièrement seule, enfermée dans une spirale de stress et d’isolement. Elle parle de la peur d’échouer, du sentiment que si elle rate, c’est elle l’échec.

Elle évoque des cours très techniques comme l’Économétrie ou l’International Trade, qu’elle ne comprenait pas toujours et dont le volume de contenu à retenir l’empêchait d’en apprécier la substance. Travailler pour les notes plutôt que pour apprendre, c’est une réalité qu’elle déplore, surtout en repensant à des cours qu’elle aurait voulu explorer davantage, notamment en histoire.

Le moment de son passage du bachelor au master a été particulièrement révélateur : « J’ai su trois jours avant la rentrée que j’avais validé. J’ai pleuré, mais pas de joie. J’étais juste vide. » Un épuisement accumulé, une pression libérée trop brutalement pour qu’elle puisse ressentir de la satisfaction. Elle reconnaît avoir parfois ressenti des symptômes de type dépressif et note que le stress lui a causé des effets physiques : absence de règles, prise de poids… Autant de facteurs qui pèsent sur son estime de soi.

Hanako n’a pas été diagnostiquée ni suivie médicalement, mais elle sent qu’il y a « quelque chose », peut-être un TDAH ou au moins un dérèglement de l’attention. Elle parle de ses vagues de concentration extrême suivies de longues périodes de procrastination. Elle sait que faire les choses à la dernière minute lui fait du mal, mais elle n’arrive pas à s’en défaire.

Pour tenir, elle s’appuie sur des activité douces : yoga, pilates, longues grasses matinées, weekends avec ses amis ou sa famille. Et surtout, le lien social est essentiel pour elle. Aller en cours, c’est avant tout pour voir ses ami.e.s : réviser ensemble, galérer ensemble, rire ensemble.

Son message est clair : « Être étudiant.e, c’est un boulot à plein temps. On pense tout le temps à ce qu’on devrait faire. Et dire qu’on va mal, ce n’est pas un échec. C’est une force. » Ce qu’elle aimerait, ce n’est pas forcément du réconfort ou de la pitié, mais simplement qu’on lui laisse l’espace de respirer.

Quand elle voit un.e autre étudiant.e en difficulté, elle préfère d’abord écouter. « Je ne sais pas quoi te dire, mais je suis là. » Parfois, c’est tout ce qu’il faut pour alléger un fardeau.